Ce discours de Gabriel Attal qu’on attendait. Discours du Premier ministre Gabriel ATTAL
Ce discours de Gabriel Attal qu’on attendait
Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les parlementaires, Madame la maire de Paris, Mesdames et Messieurs les présidents de région et de conseils départementaux, Mesdames et Messieurs les élus, ambassadeurs et représentants des cultes, Messieurs les co-présidents, cher Ara Toranian, cher Mourad Papazian, Mesdames et Messieurs,
Parler de l’Arménie, parler du peuple arménien, c’est évoquer l’histoire d’une souffrance. L’histoire d’une résistance. L’histoire, je le sais, j’en suis sûr, et nous les écrirons avec vous, de lendemains heureux. La souffrance, celle d’un peuple martyr, que l’on a n’a cessé de vouloir anéantir. La souffrance d’un peuple qui a subi le joug de l’oppression, connu la douleur de la persécution et affronté la menace de l’éradication. La souffrance d’une terre de plateaux et de montagnes qui a tremblé jusqu’à la dévastation. La souffrance d’une Nation à qui l’Histoire semble refuser la paix et qui doit lutter, encore, toujours, pour sa souveraineté. Oui, l’histoire de l’Arménie est celle d’un chapelet de larmes. Les larmes de ses mères, qui ont vu leurs enfants enlevés et tués. Les larmes de ses maris, qui ont vu leurs épouses violées, torturées. Les larmes de ses enfants, qui ont vu leurs familles décimées et qui, arrachés à leur jeunesse, ont dû fuir leurs villes et leurs villages. Mais, si les larmes ont coulé tant et tant sur cette terre d’Arménie, jamais le peuple arménien n’a cédé. Jamais le peuple arménien n’a renoncé. Jamais le peuple arménien ne s’est soumis. Toujours, il a su se relever, se reconstruire. Toujours, il a vécu debout, toujours, dans les montagnes du Caucase, comme partout où la diaspora arménienne fait vivre l’âme et la liberté de son peuple. Nous le savons bien, nous Français, pour qui l’Arménie a une place si singulière. Le lien entre nos deux peuples sont anciens.
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« Jamais le peuple arménien n’a renoncé. Jamais le peuple arménien ne s’est soumis. Toujours, il a su se relever, se reconstruire. »
Ils remontent loin, et l’on trouve au XIVe siècle, déjà, la trace de l’amitié quand Charles VI offre, en France, le refuge à Léon de Lusignan, dernier roi d’Arménie cilicienne. Une histoire qui s’accélère, à la fin du XIXe siècle, alors que les massacres se multiplient, sauvages et destructeurs, comme les prémices funestes du génocide à venir. La France est solidaire des peuples qui souffrent. Alors, à travers notre pays souffle le vent de la solidarité. Clémenceau le radical, Cochin le chrétien et Jaurès le socialiste, font tonner leurs voix pour dénoncer le drame qui se joue. Le soutien à l’Arménie ne connait pas les clivages politiques, car le seul clivage qui vaille alors, c’est celui de la Justice, celui de l’Humanité. Penseurs, écrivains, députés se mobilisent, interpellent et s’insurgent contre le massacre d’un peuple. Dans les colonnes de Pro Armenia puis de La Voix de l’Arménie, les intellectuels se succèdent, dénoncent, appellent à l’action. Je vous le dis : c’est bien dans ces colonnes que vibraient nos valeurs et l’âme de la France. C’est bien là que se trouvait notre honneur et notre devoir. Car, déjà, l’on pressent qu’il ne s’agit pas seulement d’asservir l’Arménie mais bien de tuer jusqu’au dernier des Arméniens. 1915. La violence et la haine sont débridées. La machine infernale est lancée. Le génocide frappe. Pendant de longs mois, le peuple arménien vit un supplice. Combien de morts, combien de vies brisées, combien de déplacés, combien de martyrs. Les mots de « crime contre l’humanité » voient le jour face au drame qui se noue. Mais, le tumulte d’une guerre mondiale empêche des réactions à la hauteur de cette tragédie. Max Jacob, en 1916, commencera même son poème « Les Alliés sont en Arménie » en écrivant : « le monde entier, le dos tourné, plante des choux ». Mais, je vous le dis : la France ne tourne pas le dos à l’Histoire. La France ne tourne pas le dos à la vérité. Elle regarde le passé en face, reconnaît le supplice d’un peuple et la réalité d’un génocide. Elle l’a reconnu, par ce geste d’héroïsme de l’amiral Dartige du Fournet, qui sauva 4000 Arméniens qui résistaient héroïquement sur le Mont Moïse. Elle l’a reconnu, en accueillant les réfugiés arméniens, qui arrivaient, souvent par le port de Marseille, fuyant la mort et laissant derrière eux leurs souvenirs et leurs vies, laissant derrière eux leur patrie. Elle l’a reconnu, en 2001, en inscrivant la reconnaissance du génocide arménien dans la loi. Elle l’a reconnu, avec force et détermination, par la voix du Président de la République. Du Président de la République qui a fait du 24 avril, la journée nationale de commémoration du génocide arménien. Du Président de la République, qui s’est rendu en Arménie – j’avais eu la chance de l’y accompagner. Qui a rappelé les liens inébranlables qui unissent nos deux pays. Qui s’est engagé pour que toujours soit perpétuée la mémoire du génocide. Qui a décidé de porter plus haut, plus fort, plus loin, la coopération entre nos deux Nations. Le Président de la République, enfin, qu’il y a quelques semaines, a fait entrer Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon. Ce geste, c’est la reconnaissance de la République toute entière envers un homme, envers un groupe de résistants, envers toutes celles et ceux qui ont combattu pour la Liberté. Mais par cette décision, c’est aussi un peu de l’Arménie qui est entrée au Panthéon. Un peu de la gratitude de la France envers le peuple arménien. Car nos histoires sont intimement liées. Car les Français arméniens ont fait battre le cœur de la France. Car, et je reprends vos mots, Monsieur le Président Toranian, « l’âme arménienne est chevillée au cœur de la République ».
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« Je sais, chaque jour, ce que nous devons aux Français d’Arménie. »
Avec Missak Manouchian, Arpen Tavitian, Arsène Tchakarian et tous ceux des FTP-MOI, de nombreux Arméniens ont résisté pour la France. Ils l’ont aimée pour son idéal. Ils l’ont aimée parfois plus que la France ne leur avait donné. Ils l’ont aimée jusqu’à risquer leur vie voire à tomber pour elle. Les Français d’Arménie ont réinventé notre culture, notre cinéma, au détour d’un film d’Henri Verneuil, d’une réplique d’Alice Sapritch, d’un éclat de rire devant une comédie de Francis Veber. Ils ont fait vibrer nos concitoyens au rythme des passes de Youri Djorkaeff, des virages serrés d’Alain Prost. Ils ont fait raisonner des mélodies nouvelles avec les notes de Michel Legrand. Et avec Charles Aznavour, les Français d’Arménie sont entrés dans le patrimoine de notre pays. Les chansons de Charles Aznavour sont universelles. Elles incarnent tout à la fois la blessure du passé et la confiance dans l’avenir. Elles ont marqué des générations entières et traversent le temps. Elles restent parce qu’elles sonnent juste. Parce qu’elles savent, par les notes et les mots, sonder les cœurs et toucher les âmes. Charles Aznavour a été sa vie durant, un ambassadeur extraordinaire pour l’Arménie. Pour faire entendre l’Histoire de son peuple. Pour la reconnaissance internationale du génocide. Pour que l’Arménie relève la tête face au tremblement de terre qui l’avait si durement ébranlée. Son héritage demeure. Nous le célébrerons comme il se doit, notamment à l’occasion, cette année, du centenaire de sa naissance. Un grand concert sera organisé en son honneur à Erevan. Dans tous les domaines : dans le journalisme, dans le monde associatif, dans l’administration, dans les milieux économiques, en politique – et même au Gouvernement, n’est-ce pas, cher Guillaume Kasbarian –, les Français issus de la diaspora arménienne se sont engagés pleinement pour la République, pour notre pays. Ils participent à le faire vivre au quotidien. Et je sais, chaque jour, ce que nous devons aux Français d’Arménie.
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« Cher Ara Toranian, cher Mourad Papazian, grâce à vous, grâce à votre travail et votre engagement, grâce à celui de toutes vos équipes, le CCAF porte la voix de la diaspora arménienne. C’est utile. C’est nécessaire. C’est important. Et je veux le saluer. »
Messieurs les présidents, Mesdames et Messieurs, toutes et tous, vous êtes les visages de la diversité et de la force des engagements des Français d’Arménie. Je veux remercier, aussi, le rôle précieux joué par le CCAF pour organiser cette solidarité, interpeler, rappeler les liens qui unissent nos deux pays. Cher Ara Toranian, cher Mourad Papazian, grâce à vous, grâce à votre travail et votre engagement, grâce à celui de toutes vos équipes, le CCAF porte la voix de la diaspora arménienne. C’est utile. C’est nécessaire. C’est important. Et je veux le saluer.
Mesdames et Messieurs, Peu après le tremblement de terre de 1988, Charles Aznavour avait mobilisé les artistes français autour d’une chanson comme un message d’espoir : « Pour toi Arménie ». « Tes printemps fleuriront encore. Tes beaux jours renaîtront encore. » écrivait-il. Ce message d’espoir, de détermination, je veux aujourd’hui l’affirmer devant vous. Vous connaissez mon engagement pour l’Arménie. J’y tiens. Je l’ai chevillé au corps. Il vient de loin. Il trouve ses racines dans cette conscience du poids de l’Histoire et de cette dette de toute l’Europe envers les Arméniens. Il s’est ancré, plus encore, à travers mes discussions et mes échanges avec les Français arméniens, notamment sur mon territoire, dans ma circonscription à Issy-les- Moulineaux. Cet engagement, je suis fier d’avoir pu le porter en participant à la visite du Président de la République en Arménie en 2018. Fier de l’avoir porté et de le porter encore, comme élu, comme Ministre, aujourd’hui comme Premier ministre. Fier de l’affirmer et de l’assumer haut et fort, une fois de plus, devant vous. Vous l’avez dit, Messieurs les Présidents, au moment nous nous retrouvons, une fois plus, l’Arménie est à nouveau meurtrie. Les Arméniens sont à nouveau confrontés à l’épreuve et à la douleur. Une fois de plus, des Arméniens ont été contraints de fuir leur terre et leurs foyers. Ce sont près de 100 000 femmes et hommes qui ont connu l’exode, à la suite de l’intervention militaire lancée par l’Azerbaïdjan le 19 septembre 2023 dans le Haut- Karabagh, après neuf mois de blocage du corridor de Latchine. Vous le savez, la France a condamné avec la plus grande fermeté le choix fait par l’Azerbaïdjan de recourir à la force, en violation de tous les principes, alors même que les voies de la négociation étaient ouvertes. Vous le savez, les Françaises et les Français ont été marqués, indignés, choqués par ces images. Face à cette situation, la France a immédiatement assumé ses responsabilités. Sur le plan du droit international d’abord, en convoquant en urgence le 21 septembre, une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies. En appelant à ce que le Conseil soutienne une solution négociée permettant aux Arméniens du Haut-Karabagh de continuer à y vivre dans le respect de leurs droits. Et, si ce scénario a été entravé, c’est aussi du fait de l’attitude complaisante de la Russie qui n’a pas condamné le recours à la force et l’a, en réalité, cautionné. Si on parle clairement : qu’ont fait ces forces russes dites de « maintien de la paix » de deux mille hommes déployés au Haut-Karabagh ? Elles ont laissé l’Azerbaïdjan bloquer la circulation le long du corridor de Latchine, sans aucune réaction, acceptant que les accords de cessez-le-feu soient remis en cause unilatéralement. Elles n’ont pas non plus joué leur rôle dans la mise en œuvre des clauses de désarmement de l’accord trilatéral, entravant ainsi le processus de paix. Et alors même qu’elles bénéficiaient d’un monopole d’action sur le corridor de Latchine, elles ont préféré monnayer leurs services pour le passage des cargos et des personnes, exploitant ainsi la situation dramatique des populations civiles du Haut- Karabagh. Je le dis : ces forces russes prétendument « de maintien de la paix » ont laissé s’installer la crise humanitaire. Et soyons clairs. Dans quel but l’ont-elles fait ? Parce que la Russie veut punir l’Arménie. Elle veut la punir pour son aspiration à la paix et au respect de sa souveraineté – des principes que la Russie bafoue en Ukraine. Elle veut punir l’Arménie, parce qu’elle a choisi la voie de la lutte contre l’impunité, en rejoignant la Cour pénale internationale. La Russie veut punir l’Arménie, tout simplement, parce qu’elle a choisi la démocratie et l’Etat de droit. Nous, le droit nous voulons qu’il soit respecté. Nous, la démocratie nous voulons qu’elle soit défendue. Nous, les civils, nous voulons qu’ils soient protégés. Dans une ordonnance du 17 novembre 2023, la Cour International de Justice a dit le droit et a appelé la République d’Azerbaïdjan à « veiller à ce que toute personne qui aurait quitté le Haut-Karabagh après le 19 septembre 2023 et qui souhaiterait y retourner soit en mesure de le faire en toute sécurité, librement, et rapidement ». Le message est clair : les Arméniens doivent pouvoir retrouver leurs foyers en paix. Alors, l’enjeu aujourd’hui, c’est que l’Azerbaïdjan se plie à ce jugement, et crée les conditions permettant à ceux qui le souhaiteraient de revenir. Pour y parvenir, la France est mobilisée. Mais notre engagement est bien plus vaste. Nous sommes en première ligne pour apporter une assistance aux Arméniens du Haut- Karabagh qui ont trouvé refuge en Arménie. Une assistance totale qui s’élève à 29 millions d’euros en 2023, plaçant la France au premier rang des bailleurs humanitaires. Nous l’avons triplée dès le lendemain de l’offensive en septembre. C’était nécessaire et c’est une fierté. Je voudrais également saluer ici l’action et la mobilisation de la société civile française et des collectivités territoriales. Dans tous les pans de la société, la solidarité avec le peuple arménien s’exprime et se fait entendre. C’est une démonstration supplémentaire des liens qui nous unissent et nous uniront toujours, Français et Arméniens.
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« L’enjeu aujourd’hui est d’aider l’Arménie à défendre son indépendance, sa démocratie, son territoire, en un mot : sa souveraineté. L’enjeu aujourd’hui, c’est de préserver l’intégrité territoriale de l’Arménie. »
Mesdames et Messieurs, Ces mesures d’urgence sont nécessaires, et nous allons continuer. Vous avez souligné, Monsieur le Président Papazian, l’engagement dans les mots comme dans les actes de notre pays et du Gouvernement. Je vous le dis : la France ne s’en arrêtera pas là.
L’enjeu aujourd’hui est d’aider l’Arménie à défendre son indépendance, sa démocratie, son territoire, en un mot : sa souveraineté. L’enjeu aujourd’hui, c’est de préserver l’intégrité territoriale de l’Arménie. Le Président Aliev a lui-même reconnu que les forces azerbaïdjanaises avaient avancé en plusieurs points du territoire arménien, notamment dans le secteur de Djermouk. Ce sont des faits tangibles. Ce n’est faire insulte à personne que de les rappeler. Nous ne devons jamais avoir peur de dire la réalité des faits ! Donc, je le dis clairement : l’Azerbaïdjan doit retirer ses forces des positions occupées sur le territoire souverain de l’Arménie. Je veux le dire avec d’autant plus de gravité que la Russie ne peut plus, aujourd’hui, et pour des raisons évidentes, jouer le rôle de garant du respect des frontières. La France ne relâchera pas ses efforts en faveur d’une paix juste et durable entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Notre conviction est inchangée : une telle paix n’est possible que dans le respect du droit international, de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’inviolabilité des frontières des deux États. Alors, je le répète clairement : les forces azerbaïdjanaises doivent quitter l’Arménie. Et, dans ce combat pour la paix, la justice et la souveraineté, je veux dire ma profonde admiration pour l’Arménie et pour les Arméniens. Pour des Arméniens qui ne perdent pas espoir, qui ne perdent pas foi dans l’avenir, foi dans leur pays. Leur esprit de résistance, leur volonté d’indépendance, leur aspiration à la paix forcent notre admiration. J’ai pu en faire part au Premier ministre Nikol Pachinian, lors de sa visite officielle en France, le mois dernier. Il s’agissait de l’un de mes tous premiers entretiens diplomatiques en tant que Premier ministre et je suis très fier, d’avoir pu le tenir avec mon homologue arménien. Ensemble, nous avons échangé sur la situation sur place, sur la manière dont la France peut œuvrer, toujours plus, au retour de la paix. Cette volonté de paix, c’est également l’engagement qu’a pris le Président de la République à l’occasion de cette visite officielle.
Mesdames et Messieurs, Vous le savez, le soutien de la France va bien au-delà du soutien diplomatique. Alors que l’Arménie a plus que jamais besoin de notre appui, nous répondons présents, dans tous les domaines. La mission d’observation de l’Union européenne, dont la mise en place avait été décidée à Prague, a d’ores et déjà été renforcée. Son action est essentielle pour contribuer à la stabilité, à l’information impartiale de la communauté internationale et à surveiller les conditions de vie des populations vulnérables des zones de contact militaire. La France a aussi été à l’initiative d’un plan européen de soutien à l’Arménie, à son indépendance, et à sa résilience. Les choses avancent dans la bonne direction et nous sommes déterminés à ce que ce plan aboutisse. L’Union Européenne et l’Arménie ont enfin décidé d’établir un nouvel « agenda de partenariat », que nous voulons le plus ambitieux et concret possible. Autour du Président de la République, avec le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, vous pouvez compter sur la France pour continuer à faire bouger les lignes. Par ailleurs, l’engagement de la France se traduit aussi par un renforcement sans précédent de notre relation bilatérale, dans les secteurs les plus stratégiques. Un engagement concret, à la hauteur du lien et de l’amitié entre nos deux Nations. Dans le domaine de la défense, notre relation s’est considérablement approfondie ces dernières années. Une mission de défense a été créée à l’Ambassade de France à Erevan en janvier 2023. Nous avons renforcé notre soutien militaire en nous engageant à fournir des armements à l’Arménie pour lui permettre de se défendre. Le ministre des Armées s’est rendu le mois dernier en Arménie – je sais que certains d’entre vous l’accompagnaient pour cette visite, vous l’évoquiez Messieurs les Présidents – pour accélérer encore et porter notre partenariat de défense à un niveau sans précédent. Un partenariat qui s’incarne par la formation de militaires arméniens en France et en Arménie, par la signature d’un accord de coopération entre Saint-Cyr et l’académie militaire arménienne. Un partenariat qui passe par des échanges et de l’accompagnement, avec le déploiement de conseillers militaires français pour aider l’Arménie à moderniser son modèle d’armée. Un partenariat, aussi, pour soutenir les capacités de l’armée arménienne, avec la livraison d’équipements et la signature de contrats de défense. Surtout, un partenariat qui n’a pas vocation à répondre seulement à l’urgence mais qui doit bel et bien s’inscrire dans la durée. En matière civile, nous continuerons à appuyer le développement d’infrastructures stratégiques pour que l’Arménie puisse poursuivre son développement, qu’il s’agisse des transports, de l’énergie, de l’eau. J’ai évoqué ces différents axes de coopération de façon très concrète avec le Premier ministre arménien, le 22 février. Nous avons décidé la mise en place d’un groupe de travail qui nous sera directement rattaché pour instruire et faire avancer les différents projets d’avenir, avec l’appui de nos entreprises. États, collectivités, entreprises, ONG et associations de la société civile francoarménienne : nous aurons besoin de conjuguer toutes les énergies pour continuer à avancer. C’était l’objectif de l’initiative Ambition France – Arménie, créée il y a deux ans pour fédérer tous les acteurs, et je sais que beaucoup d’entre vous y avaient participé, afin de contribuer à nourrir la relation économique, culturelle et scientifique. Nous souhaitons, avec le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, relancer cette initiative, en la recentrant sur l’agenda de résilience de l’Arménie. Je veux que les choses avancent vite, et nous allons nommer très prochainement la personne, qui sera en charge d’organiser la prochaine édition côté Français. Elle prendra bien sûr attache avec vous. Nous avons un objectif : que la prochaine édition puisse se tenir à Erevan. Nous allons nous y atteler sans attendre.
Mesdames et Messieurs, Il y a 30 ans était fondé le Comité du 24 avril, ancêtre du CCAF. 30 ans plus tard, votre mobilisation, Messieurs les présidents, cher Ara Toranian, cher Mourad Papazian, la mobilisation de tous les membres du CCAF, est plus que jamais d’actualité. Car ce qui nous rassemble ce soir, c’est le combat. Un combat pour nos valeurs, pour une vision partagée des valeurs de la République. Un combat pour la liberté, qui dépasse les frontières. Un combat pour l’Histoire, pour qu’elle ne puisse pas trébucher à nouveau. Pour contrer le révisionnisme historique, encore utilisé pour justifier les pires crimes. Un combat pour la mémoire, la mémoire que nous nous engageons à transmettre, pour chaque salle de classe, on sache ce qui est arrivé au peuple arménien. Un combat pour l’amitié, pour ce lien particulier qui unit et unira toujours la France et l’Arménie. Un lien encore affirmé par le Président de la République, avec l’entrée de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon. Un combat pour la paix, qui est notre aspiration commune. Dans « Ils sont tombés », Charles Aznavour chantait : « Ils sont tombés en croyant, ingénus Que leurs enfants pourraient continuer leur enfance Qu’un jour ils fouleraient des terres d’espérance Dans des pays ouverts d’hommes aux mains tendues » Cet espoir n’est pas ingénu. Cet espoir n’est pas vain. Toujours l’Arménie se relève. Jamais le peuple arménien ne tombe. Et nous serons à ses côtés pour l’aider, pour l’accompagner. Devant vous, une fois de plus, j’en prends l’engagement solennel. Vive l’Arménie ! Vive l’amitié franco-arménienne ! Vive la République ! Vive la France !
par capucine le vendredi 22 mars 2024 © armenews.com 2024
Serge Tateossian Le 22/03/2024 Source : Armenews