Et si l'Arménie était le véritable berceau des premiers vins de l'histoire ?

Et si l’Arménie était le véritable berceau des premiers vins de l’histoire ?

La culture de la vigne remonterait à l’arche de Noé d’après la tradition, confortée par des fouilles archéologiques. Un vignoble en plein renouveau sur des terroirs haut perchés.

Par Béatrice Delamotte

Publié le 12/03/2024

Mont Ararat

Le mont Ararat, berceau du vin. © AS

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Comment dire que les origines de la vigne en Arménie remonteraient au Déluge ? En relisant le récit biblique de l’aventure de l’arche de Noé qui se serait échouée «sur les montagnes d’Ararat» comme le spécifie la Genèse (8.4). Cette partie montagneuse du haut-plateau arménien se situe aujourd’hui en Turquie. Si l’histoire pourrait en rester là, de récentes découvertes viennent corroborer le récit. En 2007, une équipe d’archéologues arméniens et britanniques découvre dans la grotte d’Areni, à quelques dizaines de kilomètres du mont Ararat, des jarres remplies de pépins de raisin datant de plus 6000 ans. En 2010, c’est un fouloir, une cuve de fermentation et des sarments desséchés qui sont mis au jour. De quoi remettre en cause l’antériorité de la Géorgie en matière de viticulture. 

Plus certainement, l’Arménie avait déjà un vignoble référencé dans les écrits d’historiens dès 1000 ans avant J.-C. et les Grecs se régalaient des vins produits. Au fil des siècles, la viticulture se développe sur ces hauts-plateaux tout en subissant de nombreuses crises. Sous l’ère soviétique, le pouvoir moscovite confie la production viticole à la Géorgie et celle du brandy à l’Arménie. Il aura fallu toute la ténacité d’entrepreneurs, investisseurs, apprentis vignerons et simples paysans pour préserver la production viticole sur des terroirs toujours prometteurs. Aujourd’hui, l’Arménie recense quelque 16 000 hectares de vignes pour une cinquantaine de producteurs. Et la vallée d’Ararat reste la plus importante région de production, avec celle de Vayot Dzor, au sud du pays. 

L’Arménie, un vignoble de qualité

Plantés en 2006 par Vahagn Mkrtchyan et Vardges Vardanyan, les 55 hectares de vignes d’Armenia Wine produisent aujourd’hui des vins de qualité, très appréciés aussi bien sur le marché local que par la diaspora. Sur des terroirs qui s’étagent entre 850 et 1850 mètres d’altitudes, les cépages européens et autochtones se mêlent. Ainsi, à côté de pieds de cabernet franc, on trouve du kangun, variété identitaire des blancs arméniens, et du karmrahyut, cépage rouge. Au fil des ans, le vignoble a grandi pour atteindre désormais 135 hectares, dont 85 certifiés en bio. Et c’est au consultant français Jean-Baptiste Soula, à la tête de Bordeaux Vineam, qu’Armenia Wine fait appel pour garantir la qualité de ses quelque 6 millions de bouteilles qui sortent chaque année des chais, sur les 13 millions produits dans le pays.

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Réunis au sein de la Vine and Wine Foundation of Armenia (VWFA), une quarantaine de producteurs représentent la diversité des domaines. Depuis 2016, l’organisation s’attache à développer la viticulture dans les différentes régions et à promouvoir les vins arméniens dans le monde. En parallèle, la VWFA met en avant la diversité des cépages autochtones dont le Sev Areni, ou Areni noire, qui serait le descendant direct de la variété découverte lors de fouilles archéologiques dans la région de Vayotz Dzor et qui remonterait à 4100 avant J.-C., ou du Voskehat, âgé de 3500 ans. L’organisation peut compter sur la diaspora pour commercialiser ses vins dans de nombreux pays. En France, plusieurs cavistes en ligne proposent une large sélection de cuvées tranquilles ou effervescentes. L’occasion de découvrir les descendants du vin de Noé. 

Serge Tateossian le 14/03/2024 Source : Le Figaro