Nous avons le devoir d’aider l’Arménie dans la lutte contre l’agresseur
Nous avons le devoir d’aider l’Arménie dans la lutte contre l’agresseur
Anne-Laurence Petel, la chef du Groupe d’amitié parlementaire France-Arménie de l’Assemblée nationale française, estime que la France a un rôle à jouer dans le renforcement de la capacité de défense et de la souveraineté de l’Arménie. Selon elle, la France est devenue un partenaire clé de l’Arménie dans le domaine de la défense, ce qui permet au pays d’équilibrer ses relations avec son voisin agressif, l’Azerbaïdjan.
Dans une interview accordée à « Armenpress », Anne-Laurence Petel a discuté des efforts de la France pour résoudre le conflit du Haut-Karabakh, des perspectives de coopération entre les deux pays en matière de défense, d’économie et de culture, et de la résolution adoptée par le Sénat français. La résolution condamne l’agression de l’Azerbaïdjan contre l’Arménie et appelle l’Azerbaïdjan à assurer le retour en toute sécurité des personnes déplacées de force du Haut-Karabakh, en fournissant des conditions appropriées pour leur sécurité et leur bien-être.
-En tant que chef du Groupe d’amitié avec l’Arménie au Parlement français, quel est l’ordre du jour de votre première visite dans notre pays ?
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C’est ma quatrième, peut-être même ma cinquième visite en Arménie. Cependant, c’est la première fois que je visite l’Arménie en tant que président du groupe d’amitié. Notre délégation comprend des députés de croyances et de factions différentes. Nous avons une délégation multipartite, qui reflète le consensus de tous les partis politiques pour soutenir l’Arménie.
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En janvier, le parlement français a adopté une résolution condamnant l’agression de l’Azerbaïdjan contre le Haut-Karabakh. Il n’a pas reçu beaucoup d’attention. Voulez-vous élaborer, quel était le contenu de la résolution ?
Oui, en effet. La résolution a été adoptée par le Sénat français. Il appelle l’Azerbaïdjan à garantir le droit de retour à la population du Haut-Karabakh, en garantissant des conditions qui assureront sa sécurité et son bien-être. En outre, il condamne l’occupation des territoires arméniens par l’Azerbaïdjan et appelle l’Azerbaïdjan à retirer ses forces armées du territoire arménien.
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Il appelle également à l’application de sanctions contre l’Azerbaïdjan ?.
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Oui, il y a des sanctions.
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Que pensez-vous de la coopération entre la France et l’Arménie ?
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La coopération entre la France et l’Arménie se déroule à plusieurs niveaux. Le niveau primaire, actuellement en discussion active et considéré comme très important, concerne la sauvegarde des frontières et de l’intégrité territoriale de l’Arménie. Cette coopération en matière de défense s’est considérablement accélérée au cours des derniers mois et a recueilli un soutien unanime au sein du groupe d’amitié parlementaire France-Arménie, ainsi que de tous les partis politiques.
En tant que président du groupe d’amitié, je trouve l’unanimité concernant l’aide de la France à l’Arménie dans le domaine de la défense très encourageante. Cependant, lorsqu’il s’agit de coopération économique, elle ne s’aligne toujours pas sur la profondeur de l’amitié et des relations politiques entre la France et l’Arménie.
La France est actuellement le 11e partenaire économique de l’Arménie, mais il est important d’accélérer cette coopération. Il y a quelque temps, lors de la cérémonie de réinhumation de Missak Manouchian, lors de la réunion entre le Premier ministre Pashinyan et Gabriel Attal (le Premier ministre de France), les parties ont convenu de reprendre l’initiative « Ambitions de la France et de l’Arménie » lancée par le président Macron il y a deux ans.
Nous allons maintenant suivre de près la mise en œuvre de cette initiative pour la promouvoir. Des groupes de travail seront créés des deux côtés pour renforcer notre coopération économique. C’est une mesure très positive que les deux parties ont prise pour accélérer ces discussions économiques et introduire des mécanismes concrets pour leur mise en œuvre.
Il y a déjà une structure qui travaille à la coordination de ces efforts, et ma prochaine étape sera de discuter avec les ministères des moyens de renforcer cette coopération et de la faire progresser. En tant que groupe d’amitié, nous attendons également le travail actif des députés dans cette direction.
-Comment la France peut-elle aider au règlement du conflit du Haut-Karabakh ?
Par la diplomatie. C’est évident et la France a fait beaucoup dans cette direction. Même après 2020, la France a tout fait pour contribuer au règlement du conflit et, tout d’abord, à la signature du traité de paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.
Cependant, ces derniers mois, en particulier depuis septembre 2023, et à la suite des incidents survenus sur le territoire arménien en 2021 et 2022, il est devenu clair que la France a un rôle à jouer dans le renforcement de la capacité de défense et de la souveraineté de l’Arménie.
En effet, il est devenu clair que la Russie n’est plus un allié fiable pour l’Arménie. Par conséquent, la France est devenue un partenaire clé pour l’Arménie dans le secteur de la défense, ce qui a permis à l’Arménie de maintenir une relation plus équilibrée avec son voisin agressif, l’Azerbaïdjan. Par conséquent, le rôle de la France est double : contribuer aux efforts de résolution pacifique des conflits et soutenir le renforcement des capacités de défense de l’Arménie. Comme le président Macron l’a souligné en 2020, cela implique d’identifier l’agresseur et de soutenir le parti en défense dans ses actions défensives.
Un jeu diplomatique très délicat se déroule actuellement. L’Arménie exprime clairement son désir de se rapprocher de l’Europe et de se distancer de la Russie. Dans ce contexte en particulier, toute déclaration de soutien de la France peut créer des tensions.
En réalité, la France soutient l’Arménie dans le renforcement de ses institutions et la réalisation de son aspiration à avancer sur la voie de la démocratie.
C’est pourquoi la France est le partenaire de l’Arménie, car l’Arménie a choisi la voie d’une plus grande indépendance. Il ne s’agit pas de remplacer la dépendance à l’égard de la Russie par la dépendance à l’égard d’un autre pays, mais de renforcer la capacité de l’Arménie à devenir une véritable démocratie avec toutes les implications que cela implique, y compris dans le domaine de la défense.
En effet, l’Arménie est à la recherche de partenariats dans divers secteurs, y compris la défense. Nous devons être réalistes : la Russie n’est plus un allié entièrement fiable pour l’Arménie. Il n’a pas rempli son rôle pendant le conflit du Haut-Karabakh, qui a incité l’Arménie à chercher d’autres partenaires plus fiables, tels que la France.
En ce qui concerne l’Europe, nous aimerions attirer l’attention de nos partenaires européens sur ces questions. L’Arménie a besoin de trouver des partenaires fiables, et la France en fait partie.
Le principal facteur dans tout cela n’est pas seulement la proximité, mais aussi la fiabilité du partenariat. La Russie est géographiquement proche de l’Arménie et a toujours une influence importante non seulement en termes de sécurité, mais aussi dans l’économie.
- Comment évaluez-vous la coopération économique entre l’Arménie et la France, et quelles opportunités voyez-vous ?
En ce qui concerne la coopération économique entre l’Arménie et la France, elle est actuellement modeste. Comme mentionné précédemment, la France est le 11e partenaire économique de l’Arménie. Malgré notre forte amitié et notre soutien important dans le secteur de la défense, nos liens économiques et la présence d’entreprises françaises en Arménie restent limités. C’est un domaine où nous devons accélérer nos efforts.
Le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan a récemment rencontré des membres de l’organisation « Mouvement des entreprises françaises » (MEDEF), ce qui souligne également la nécessité de développer un partenariat économique entre l’Arménie et la France. Il est important de faire avancer nos intérêts économiques. Lors de la récente visite du Premier ministre en France, les discussions ont également porté sur les possibilités d’investissement français dans les infrastructures arméniennes, y compris la participation à la construction de la route Nord-Sud et la participation au secteur de l’énergie.
- Je vous demande de parler des initiatives actuelles visant à renforcer les liens culturels entre la France et l’Arménie.
Nous avons rencontré l’ancien ministre de la Culture de France à la fin du mois d’octobre. Au cours de cette réunion, plusieurs accords de coopération avec l’Arménie dans le domaine de la culture ont été discutés.
Je vais rencontrer le nouveau ministre français de la Culture pour faire le point sur ces partenariats et m’assurer qu’ils progressent comme prévu.
par Jean Eckian le vendredi 29 mars 2024 © armenews.com 2024
Serge Tateossian Le 30/03/2024 Source : Armenews